UNE GORGÉE DE GASPÉSIE
7 août 2025

Quand on pense à la Gaspésie, on s’imagine facilement un verre à la main, installé·e sur la plage au coucher du soleil. Et ça tombe bien, la région regorge de boissons de toutes sortes ! Cidres, vins, bières, kombucha, gin ou shrub, les producteurs gaspésiens créent des boissons uniques qui mettent en valeur les saveurs du territoire. Nous avons en Gaspésie une superbe belle gamme avec ou sans alcool ; c’est un monde à découvrir.
ON VOUS INVITE À EN EXPLORER SIX, À SAVOURER SUR LA PLAGE, À PARTAGER ENTRE AMI·ES OU À GLISSER DANS LA GLACIÈRE APRÈS UNE LONGUE JOURNÉE AU GRAND AIR !
CAPS-NOIRS : UN CIDRE AU GOÛT DU LARGE
Il y a 10 ans, Jean-Charles Fleurent plantait son premier pommier en rêvant de lancer sa propre cidrerie. Aujourd’hui, son verger de la Cidrerie des Caps-Noirs, à New Richmond, produit un cidre artisanal qui capture l’essence même du territoire gaspésien. Sa première gamme, Cidres de plage, s’inspire des paysages côtiers et de l’air salin. Le Henderson, premier produit de la cidrerie, est un pétillant naturel, sec et non filtré. « Plus un produit est naturel, plus il est spontané. On ne peut jamais le reproduire exactement d’une année à l’autre, et c’est ce qui le rend unique », décrit le producteur. Sa bulle fine et persistante, ses notes de pommes jaunes, de poires caramélisées et sa légère touche saline en font un cidre rafraîchissant et festif.
L’ensemble du processus est le plus pur et naturel possible : aucun intrant chimique ni sulfite ne sont utilisés. « Ici, on laisse la nature faire son travail. Les levures naturelles présentes dans les pommes elles-mêmes donnent des saveurs plus complexes et imprévisibles », explique M. Fleurent.
Un projet de boutique et de visites au verger est en réflexion, mais, en attendant, le Henderson se déguste où ? « Quand j’ai lancé cette gamme, j’imaginais les gens boire leur cidre sur la plage Henderson, juste à côté, autour d’un feu de grève entre amis. »
DOLLY : UNE BIÈRE EN HOMMAGE AU MARIN MIKE BIRCH
C’est l’histoire d’un marin légendaire qui se retrouve en canette : la Dolly, une gose légèrement salée à l’algue wakamé. Tout part de Mike Birch, bien connu à Gaspé et premier vainqueur de la Route du Rhum à voile. La Microbrasserie Au Frontibus a souhaité rendre hommage à ce « cowboy des mers », qui a construit plusieurs bateaux au fil des ans, dont un qu’il a baptisé Dolly, en l’honneur de sa mère. Ce voilier a souvent navigué sur les eaux gaspésiennes et a long-temps été amarré à la marina de Gaspé. « On cherchait un nom qui avait du sens. On voulait quelque chose qui lui ressemble et qui ait un lien avec la Gaspésie… C’est là qu’on est tombés sur Dolly », explique Lydia Martin Bérubé, copropriétaire de la microbrasserie de Rivière-au-Renard.
Le clin d’œil maritime ne s’arrête pas là. Pour la recette, l’équipe voulait un ingrédient qui relie les deux rives de l’Atlantique. C’est ainsi qu’elle a choisi le wakamé, une algue récoltée ici même par Un Océan de saveurs (Cap-aux-Os). Le résultat ? Une gose fraîche, légèrement saline, rehaussée par le zeste de lime et de citron, avec une microbulle fine et élégante, presque comme un champagne. « C’est une bière qui se boit avec des produits de la mer ou des petites bouchées style tapas un peu chics ! »
L’assemblage final du Récif, composé de 14 aromates gaspésiens, offre un gin sec et aromatique, ultra polyvalent, avec une longue finale et une touche saline « qui le rend parfait en martini », note le distillateur. « Ce qui nous intéresse, c’est de mettre en valeur ce qui pousse ici. Se réapproprier des saveurs qui nous entourent, ce n’est pas juste beau, c’est bon ! » ajoute-t-il. Perchée sur une falaise, la distillerie se distingue par son architecture en bois massif et son alambic charentais en cuivre, un savoir-faire traditionnel emprunté au cognac. Et comment savourer le Récif ? « Une once et demie avec cinq onces de kombucha de Vi Kombucha ou de soda, sur la plage du Ruisselet, juste en bas de la distillerie. »
VI KOMBUCHA : UNE BOISSON VIVANTE
Le chaga, vous connaissez ? Ce champignon, que l’on retrouve surtout sur les bouleaux et qui se présente sous la forme d’une excroissance dure comme le bois, est un des ingrédients principaux du kombucha chaga-érable de l’entreprise Vi Kombucha, de Carleton-sur-Mer.
Infusé avec du bois d’érable et des copeaux de chêne, le chaga développe ses arômes avant d’être mélangé au kombucha avec une touche de sirop d’érable artisanal. « Le chaga a un goût terreux, mais avec l’érable fumé, ça rappelle presque un scotch, avec une belle rondeur sucrée », compare Benoit Daoust, copropriétaire.
Chaque gorgée des produits de Vi Kombucha révèle des ingrédients soigneusement sélectionnés, souvent cueillis en forêt. « On adore explorer la nature, et ça se reflète dans nos recettes. On s’amuse avec plus de 60 plantes sauvages », indique Anouck Goulet, copropriétaire.
L’entreprise a vu le jour en 2018, d’abord pour répondre à un besoin personnel. « On a commencé à produire du kombucha à la maison et à le partager avec notre entourage. L’idée a germé naturellement, sans plan d’affaires, simplement parce que la demande était là », avoue Mme Goulet.
Le kombucha se prête aux cocktails. On le savoure « idéalement sur le bord de la mer ou de la rivière, par une journée chaude. Un kombucha bien frais, c’est parfait pour profiter de la vie », affirment les propriétaires.
FRÜBB : UNE OPTION RAFRAÎCHISSANTE SIGNÉE PIT CARIBOU
Chez Pit Caribou, on brasse de la bière depuis 2007. Mais avec l’évolution du marché, l’équipe a voulu explorer d’autres horizons et offrir une option sans alcool qui sorte de l’ordinaire. C’est ainsi qu’est né le Frübb, une boisson désaltérante légèrement acidulée à base de fruits et de vinaigre de cidre.
Inspiré des recettes traditionnelles de grand-mère, le Frübb, qui vient de la fusion des mots fruit et shrub (dérivé de l’arabe sharab, qui signifie « boisson »), est obtenu par macération des fruits dans du vinaigre de cidre, avant d’être mélangé à de l’eau pétillante. Les saveurs sont simples, mais bien pensées. Le Frübb framboise et gingembre mise sur des ingrédients accessibles et locaux, alors que celui bleuet et poivre des dunes apporte une touche épicée et surprenante. « Avec seulement 15 grammes de sucre, autant d’antioxydants qu’un jus d’orange pur et aucun colorant artificiel, il offre une alternative rafraîchissante et légère », explique Jean-François Nellis, copropriétaire de Pit Caribou.
On le boit quand, le Frübb ? « Il a été conçu pour être une boisson de jour, idéal après une randonnée en montagne ou sur l’heure du midi. » Il peut aussi être utilisé dans les cocktails avec ou sans alcool, accompagnant aisément vos sirops préférés.
LÉA : UN VIN DE RHUBARBE AUX SAVEURS D’ICI
Tout a commencé dans les jardins de leurs grands-parents, où la rhubarbe poussait en abondance, cultivée avec soin et vendue en bâtons aux voisins par leur grand-mère. Inspirés par ces souvenirs d’enfance, les frères Pierre et Jean-François Bourdages amorcent la transformation de ce légume en vin au début des années 2000. Une dizaine d’années plus tard, après plusieurs essais et autres projets, les premières bouteilles sont sur le marché et l’engouement est immédiat !
Le Léa, qui porte le nom de la fille de Jean-François, est un vin blanc demi-sec, idéal pour accompagner les poissons et les fruits de mer. Il est produit avec la variété de rhubarbe ‘Victoria’, qui donne une teinte plus pâle et une fraîcheur particulière. « Ce qui nous rend fiers, c’est que nos vins sont entièrement faits ici. On a 32 000 plants de rhubarbe dans nos champs, alors on est autosuffisants sur notre matière première », informe Pierre. Depuis quelques années, une version pétillante du vin de rhubarbe a aussi vu le jour : le Léa pétillant, une déclinaison effervescente, embouteillée et capsulée à la ferme de Saint-Siméon-de-Bonaventure.
Et pour le déguster ? « Imaginez-vous au bord de la mer, les pieds dans l’eau, avec un homard fraîchement acheté à la poissonnerie du coin. Une nappe à carreaux sur le sable, une coupe de Léa à la main… l’expérience totale ! » détaillent en chœur les frères Bourdages. Plusieurs de ces produits se trouvent dans les épiceries et tous sont en vente chez le producteur directement. À travers ces boissons, c’est toute la richesse et la créativité gaspésienne qui s’invitent dans votre verre, prêtes à être savourées.
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Un article de MAÏTÉ SAMUEL-LEDUC
Bien ancrée en Gaspésie, Maïté Samuel-Leduc est réalisatrice de balados et créatrice de contenu pour le web et les médias numériques. Diplômée en journalisme, elle mène divers projets à travers sa boîte de gestion d’événements et de communication. Elle explore des idées innovantes en alliant arts et technologies. Elle collabore avec le collectif Comme une agence, spécialisé en communication et création.