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Pour mieux rassembler

7 août 2023



Pour mieux rassembler

C’est par un heureux concours de circonstances que Maxime L. Boudreau, technicien de la faune, s’est lancé dans l’aventure du camion-restaurant. « Je suis un passionné du monde marin, des produits marins, mais aussi un gastronome », mentionne le fondateur d’El’Bourgot. Par l’entremise d’amis, il entend parler d’un camion à vendre en 2020. Ce véhicule, appartenant à un organisme communautaire, est équipé pour offrir des ateliers de découvertes culinaires et d’éveil au goût.

Maxime, un amoureux des produits locaux et de la Gaspésie qui a beaucoup voyagé, décide de l’acquérir pour faire goûter son coin de pays. « Aller à la découverte des cultures par la nourriture, ça m’a toujours passionné! » affirme-t-il, en ajoutant qu’il aime « se retrouver face à de l’inconnu gastronomique ». À la fin 2020, après avoir réaménagé et équipé le véhicule, il lance El’Bourgot. Au terme d’un projet pilote concluant, il fait sa première « vraie » saison estivale en 2021.

De leur côté, les propriétaires d’Edgar Café Buvette, Simon Beaubien et Catherine Grégoire, sont arrivé·es dans la Baie-des-Chaleurs en même temps qu’un célèbre virus, au printemps 2020. Après un an passé en Gaspésie, le couple, qui détenait de l’expérience en restauration et caressait le rêve d’un projet dans le domaine, décide de se lancer. « On fréquentait beaucoup la pointe Taylor [à New Richmond] avec notre fille », mentionne Simon. Le jeune père, qui aurait aimé pouvoir y boire un bon café, décèle alors tout le potentiel du lieu. Il voit aussi une place à prendre dans cette ville en matière de restauration.

Le choix du camion-restaurant

Aucun des trois propriétaires n’aurait voulu d’un restaurant conventionnel, avec son lot d’obligations, plutôt qu’un camion-restaurant. « La flexibilité que ça nous amène, le côté décontracté de la chose est vraiment intéressant », affirme Simon. Lui et Catherine ont acquis un Winnebago 1979 qu’ils ont aménagé en vue de leur première saison, à l’été 2022. « L’idée du food truck amenait des contraintes et des solutions en même temps : espace restreint, donc petit menu, petite équipe. »

Le projet a été réfléchi à un moment où la possibilité d’avoir un menu pour emporter à 100 % était particulièrement intéressante, vu le contexte sanitaire. Avec Edgar Café Buvette, le couple souhaitait avant tout créer un lieu de rassemblement pour les gens de la communauté. « On l’a vraiment beaucoup fait pour les locaux, mentionne Simon. C’est un lieu festif, convivial, décontracté, de socialisation. » Selon lui, les gens de la place ont bien répondu à l’appel. « L’an passé, on a eu environ 80 % de clientèle locale et on a eu une très bonne saison. »

Pour sa part, Maxime estime qu’avec son camion-restaurant, « c’est beaucoup plus facile d’aller à la rencontre du consommateur pour faire découvrir des produits locaux et des produits marins méconnus, hors normes ». Il apprécie pouvoir se déplacer et s’adapter à différents événements ou lieux, incluant des endroits où il y a un désert alimentaire. Simon abonde dans le même sens : « Si on avait envie de faire un événement en pleine forêt, sur le bord de la rivière ou d’un lac, rien ne nous empêcherait de le faire. »

Du « local » comme produits d’appel chez Edgar Café Buvette

Pour le menu, « on est sur des volets thématiques », mentionne Simon. Le volet café propose espresso, thé glacé, limonade, collations et déjeuners. Pour le dîner, l’offre tourne autour du sandwich gourmand avec des salades qui changent en cours de saison. L’offre en soirée est plus de type « buvette », avec charcuteries, marinades de cueillettes sauvages et plateaux de fromages des Îles-de-la-Madeleine ou du Québec. « On a un trailer à cheval qu’on a reconverti en bar », ajoute Simon. Bières de microbrasseries et vins, incluant quelques importations privées, y sont servis. 

En cuisine, les produits locaux occupent une grande place. « On priorise la Baie-des-Chaleurs, ensuite le reste de la Gaspésie et les Îles, et après certains coups de cœur », dit Simon, qui donne l’exemple des fromages du Québec. Des tests sont faits pour mettre en valeur le mieux possible chaque produit. C’est dans cette optique qu’un tartare a été créé avec l’omble chevalier de Raymer Aquaculture, à New Richmond.  

« On se base surtout sur des partenariats. On a travaillé une saucisse avec Le Caprivore pour notre hot dog. C’est notre plat 100 % local, avec du pain de la Pétrie et de la choucroute ou du kimchi (Produits Tapp ou Au tour du pot). » – Simon Beaubien.

Sur le menu, « tout est identifié. C’est ce qui donne vraiment l’âme à nos plats ». Simon note d’ailleurs une belle curiosité de la clientèle à l’égard des produits gaspésiens. Également, « au niveau de la disponibilité, des livraisons, c’est beaucoup plus simple localement, quand tu sais directement avec qui tu fais affaire. [De plus], quand la relation avec les producteurs est là, il y a un souci de la qualité »

Découvertes culinaires au menu de chez El’Bourgot

Se plaisant à faire du « métissage gastronomique », Maxime proposait, l’an dernier, un menu de tacos inspiré de l’Amérique latine. « On fait notre possible pour utiliser le plus de produits locaux. On utilise de la crevette d’ici, du porc du Québec. Pour nos tacos de poisson, on utilise la baudroie d’Amérique qui est [certifiée] Fourchette bleue, et c’est un de nos mets les plus populaires. » Selon lui, cette espèce, pas très appétissante à première vue, est une belle découverte culinaire. Il aime d’ailleurs offrir à sa clientèle des capsules d’information sur les espèces servies. « Une déformation professionnelle ! » Bien entendu, son menu propose aussi des bourgots servis frais (saumurés) ou en céviché. Au moment d’écrire ces lignes, de nouveaux menus sont en élaboration pour l’été. « Des menus évolutifs, multiculturels, tout en utilisant des produits locaux.»

Avec El’Bourgot, Maxime travaille à démocratiser l’accès à des espèces moins connues. « On fait déguster du concombre de mer séché, mentionne-t-il. Ça vit ici! » Selon lui, la gastronomie est une bonne tactique pour rejoindre les gens. « Quand quelqu’un me dit : “ J’avais jamais mangé ça de ma vie et j’ai capoté”, j’ai rempli ma mission !  La bouffe, ça rassemble. Les gens se souviennent de ce qu’ils ont mangé.

[...] Dans l’imaginaire collectif des gens, ça grave plein de beaux souvenirs. » – Maxime L. Boudreau

El’Bourgot propose également des plats plus conventionnels comme des tacos aux crevettes qui, selon son propriétaire, se rapprochent d’une guédille. Pour les événements, il adapte son offre, selon les demandes, en gardant toujours le souci de sortir du lot. « C’est sûr qu’on fera pas des p’tits sandwichs pas de croûte ! »



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